Ligament croisé antérieur: l’importance d’une bonne prise en charge
Craint de tous les sportifs, la déchirure du ligament croisé antérieur (LCA) est une blessure sérieuse qui demande un arrêt prolongé de son sport. L’importance de bien la prendre en charge est cependant souvent méconnue. De nouvelles connaissances, appuyées par des études récentes, nous permettent d’envisager la réadaptation de cette blessure avec encore plus d’optimisme.
Qu’est-ce qu’une rupture du ligament croisé antérieur ?
La stabilité de l’articulation du genou est assurée par la capsule articulaire, 2 ménisques, l’ensemble des muscles et tendons aux pourtour du genou et 4 ligaments principaux: le ligament collatéral interne, le ligament collatéral externe, le ligament croisé postérieur et le fameux ligament croisé antérieur (LCA). Celui-ci qui est le principal responsable de la stabilité au niveau du genou.
Le LCA est cependant le ligament le plus fréquemment lésé au niveau du genou à raison de 250 000 cas par année au Canada et aux États-Unis. Comme pour toutes entorses ligamentaires, le degré de déchirure du LCA peut varier selon la gravité de la blessure (de partiellement déchiré à une rupture complète).
Les sports où le nombre de déchirures du ligament croisé antérieur est le plus important sont le football, le basketball, le soccer, le rugby, la gymnastique et le ski alpin.
Les principaux mécanismes de lésion du LCA sont:
- un arrêt brusque;
- un pivot rapide avec le pied ancré au sol;
- une hyperextension au niveau du genou,
- à la réception d’un saut.
Souvent l’athlète rapporte avoir entendu et/ou avoir eu la perception d’un ‘’POP’’ au moment de l’incident. Dans certains cas, cette blessure sera associée à une déchirure du ligament collatéral médial ainsi que du ménisque médial. Ces deux structures aident également la stabilité du genou. Cette condition est connue sous le nom de la “triade malheureuse”.
Quels sont les symptômes de la déchirure du ligament croisé antérieur?
Les symptômes les plus fréquents de ce type de blessure sont:
- douleur au genou;
- sensation de dérobade / instabilité du genou;
- oedème (enflure) prononcé au genou;
- perte de mouvement au niveau du genou;
- sensation de perte de force au genou;
Les facteurs qui augmentent vos risque de souffrir d’une déchirure du ligament croisé antérieur
Le facteur de risque numéro un est d’avoir déjà subi une déchirure à son ligament croisé antérieur!
Le deuxième est certainement un manque d’échauffement/activation pré-sport. Ensuite, il y a certains autres facteurs de risque qui sont rapportés par la science: être de sexe féminin, la pratique de certains sports (exemple: soccer, basketball, football) et une histoire familiale de rupture de LCA (hérédité).
Comment prévenir une déchirure du ligament croisé antérieur ?
Une préparation physique adéquate peut contribuer à prévenir ce type de blessure. En effet, bien qu’un faux mouvement ou un traumatisme externe peut survenir lors de la pratique d’un sport, un ratio adéquat entre la force des muscles en avant et en arrière de la jambe soit le quadriceps et les ischios-jambiers ainsi qu’un bon contrôle moteur au niveau du genou et du tronc aident à la prévention d’une lésion du LCA.
Le sommeil est un autre facteur à considérer pour diminuer les risques d’entorse ligamentaire. En effet, ceux qui dorment en moyenne plus de 8 heures par nuit ont 2 fois moins de chance de subir une blessure!
L’élément clé pour prévenir une déchirure du ligament croisé antérieur, ainsi que pour prévenir tous types d’entorses, est cependant un bon échauffement spécifique pré-sport (avant les pratiques et avant les matchs). En effet, avec un programme d’activation et de prévention spécifique à votre sport, le risque de blessure au LCA sera alors diminué de 67%!
Comment traite-t-on une déchirure du ligament croisé antérieur?
Il est important, si vous suspectez cette blessure, de consulter en physiothérapie pour évaluer la stabilité de votre genou et vous assurer d’avoir une bonne gestion de vos symptômes. Une déchirure complète du LCA est une blessure qui demande une bonne réadaptation. L’oedème au niveau du genou induit une inhibition et une perte de masse musculaire au quadriceps. Il est donc important de débuter un programme de renforcement spécifique le plus rapidement possible, tout en s’assurant en parallèle d’une bonne gestion de l’oedème (enflure) à votre genou.
En premier lieu, le physiothérapeute vous aidera à gérer la douleur et l’oedème de votre genou, tout en vous aidant à regagner progressivement votre amplitude de mouvement. Une fois que les symptômes seront contrôlés et que votre amplitude et votre force seront améliorées, deux choix de traitement s’offriront à vous: la chirurgie ou l’approche conservatrice.
1- La chirurgie
L’option fréquemment choisie par les sportifs qui ont des objectifs de performance, est la chirurgie de reconstruction. Cette chirurgie d’un jour, faite par un orthopédiste, utilise, dans la majorité des cas, une auto-greffe du tendon de muscle des ischios-jambier ou du tendon du quadriceps. Elle permet un taux de succès à long terme de 82 à 95%.
Il y a environ 10% de récidives de rupture de LCA post-chirurgie. Les études démontrent qu’un délai minimal de 9 mois est requis avant de reprendre le sport de compétition après une chirurgie de LCA… Et idéalement, un peu plus long, car le risque de récidive diminue de 50% à chaque mois de plus que le 9 ème mois post-chirurgie !
La principale cause de récidive est certainement d’avoir recommencé trop tôt son sport à risque, mais l’autre facteur clé est le manque de réadaptation et de préparation avant de reprendre son sport. Votre physiothérapeute est justement là pour vous faire passer certains tests (exemples: tests de force et de sauts) afin de pouvoir vous autoriser le retour à votre sport.
À noter que, même si vous choisissez l’option chirurgicale de traitement, il est fortement conseillé de rencontrer un physiothérapeute avant la chirurgie… Et vous devrez faire un programme de réadaptation supervisé après votre chirurgie. Ceci vous permettra de maximiser les chances de succès de la chirurgie et de grandement diminuer les récidives.
2- L’approche conservatrice
La seconde option est une approche en réadaptation progressive guidée par votre physiothérapeute. Elle est beaucoup moins invasive et elle est de plus en plus populaire, compte tenu du potentiel de guérison naturelle du LCA (potentiel qui était encore récemment méconnu).
Cette rééducation en physiothérapie est particulièrement à favoriser chez les patients qui ne ressentent pas ou peu l’instabilité de leur genou dans leur sport ou au quotidien. Le traitement conservateur peut s’étendre sur une période de neuf à douze mois selon les objectifs du patient. Le traitement combinera le renforcement global des muscles du membre inférieur et le contrôle moteur/proprioception au niveau du genou et du tronc. Comme mentionné plus haut, un bon équilibre dans le ratio de force du quadriceps versus des ischios-jambiers est nécessaire pour favoriser au retour à l’activité sécuritaire.
Si l’aspect réadaptation physique est essentiel, l’aspect psychologique ne doit pas être négligé. En effet, subir ce type de blessure, la longue réadaptation qui suit et l’arrêt prolongé de son sport font en sorte que l’individu doit être rassuré et avoir repris confiance en lui et en son genou avant de pouvoir retourner et performer dans son sport.
La physiothérapie est essentielle pour le volet prévention. En effet, voici une information importante: le taux de récidive de rupture de LCA est de 10% si vous avez atteint les critères aux tests physiques (si vous avez bien réussi les examens) de votre physiothérapeute, mais ce taux grimpe à 30% si vous n’avez pas atteint les critères ! Un des rôles clé de votre physiothérapeute est donc de s’assurer que vous êtes vraiment prêt pour votre retour au sport ou à votre loisir.
Le physiothérapeute, votre allié dans votre réadaptation
Peu importe l’option choisie, le renforcement, les exercices aérobies, les exercices de stabilisation et de proprioception du membre inférieur seront à privilégier au cours de l’année suivant votre entorse de LCA. Un physiothérapeute (qui fera parfois équipe avec un kinésiologue spécialisé dans ce type de réadaptation) pourra vous accompagner et vous guider tout au long de votre réadaptation, afin d’assurer l’atteinte de vos objectifs spécifiques et de diminuer vos risques de récidives.